Imaginez une bande de terre, large de 2000 km, bordée au Nord et au Sud par les glaces, montagnes infranchissables. Et un vent qui souffle en continu, de l'Amont vers l'Aval, plus ou moins fort, et toujours dans le même sens... Ici, on n'avance pas. On contre.
Depuis huit siècles, les Hordes se succèdent, faisant le même pèlerinage pour atteindre l'Extrême-Amont et trouver une réponse à LA question...
Depuis huit siècles, les Hordes se succèdent, faisant le même pèlerinage pour atteindre l'Extrême-Amont et trouver une réponse à LA question...
Cette horde, la Horde du Contrevent, est la trente quatrième, et la dernière. Elle est constituée de 23 membres, l'élite, triés sur le volet, et conditionnés dès leur plus jeune âge à vouer leur vie pour un but commun: découvrir l'origine du vent.
Chacun a une fonction qui lui est propre, et toutes sont indispensables et complémentaires; et pour chacun, Damasio adopte un style littéraire différent.
Il y a Golgoth, le Traceur, 9ème de sa lignée, totalement habité par sa quête. Aidé d'Arval, Eclaireur, c'est lui qui décide du chemin à prendre. Il y a Pietro, Prince, diplomate. Caracole, Troubadour insaisissable et imprévisible. Erg Machaon, Combattant-Protecteur, qui assure avec bienveillance la sécurité du groupe. Oroshi Melicerte, Aéromaître, est une magicienne de l'air; elle décode le moindre souffle de vent. Callirhoé, Feuleuse, est maîtresse du feu. Larco, Braconnier du ciel, attrape dans ses filets aériens de quoi sustenter la Horde... 23 membres, une famille unie par une même quête et une solidarité hors normes.
Si La Horde du Contrevent est incontestablement un chef-d’œuvre, Alain Damasio est un Maître. Son roman ne ressemble à rien de déjà connu, il sort des cadres pour trouver sa propre liberté. Cela en fait un livre-univers unique, à haute dimension philosophique et poétique, totalement désarçonnant tellement nos repères sont bouleversés…
Alain Damasio manie la langue française d’une plume de maître. Il joue avec les mots, leur redonne vie et saveur ; il leur offre une seconde chance, les utilise hors de leur contexte habituel pour leur donner un nouveau sens ou apporter une dimension poétique à son récit… à tel point qu’on en vient parfois à oublier leur acception « première » tellement cela a du sens.
Contrairement à bon nombre de livres où l’on sent clairement que l’auteur écrit pour son lecteur, ici on a vraiment l’impression que l’auteur écrit autant pour son lecteur que pour lui-même ; que l’écriture est un prétexte au jeu, et que l’auteur s’amuse de la langue, en se lançant des défis linguistiques et littéraires qu’il relève avec brio, lointainement inspiré par un Raymond Queneau et ses Exercices de Style. Il réussit notamment à mettre en scène une joute verbale ayant pour contrainte le palindrome, et à construire un dialogue qui ait du sens!
Je pourrais vous parler de ce livre pendant des heures, et je ne suis pas la seule. Mais voilà, je ne veux pas trop en révéler pour vous laisser l’émerveillement de la découverte. Et de toute façon, les mots, même choisis avec soin, sont insuffisants pour décrire un tel univers de sensations et d’émotions. Comme le dit Le Clézio, Ce qui me tue dans l’écriture, c’est qu’elle est trop courte. Quand la phrase s’achève, que de choses sont restées au dehors !
Je terminerai donc en vous disant qu’immanquablement, ce livre va laisser une Trace. Il change votre regard sur le monde, vous incite à développer vos sens et à être attentifs à l’infime, à voir l’invisible. Jamais plus vous ne sentirez le vent sur votre visage de la même façon…
Chacun a une fonction qui lui est propre, et toutes sont indispensables et complémentaires; et pour chacun, Damasio adopte un style littéraire différent.
Il y a Golgoth, le Traceur, 9ème de sa lignée, totalement habité par sa quête. Aidé d'Arval, Eclaireur, c'est lui qui décide du chemin à prendre. Il y a Pietro, Prince, diplomate. Caracole, Troubadour insaisissable et imprévisible. Erg Machaon, Combattant-Protecteur, qui assure avec bienveillance la sécurité du groupe. Oroshi Melicerte, Aéromaître, est une magicienne de l'air; elle décode le moindre souffle de vent. Callirhoé, Feuleuse, est maîtresse du feu. Larco, Braconnier du ciel, attrape dans ses filets aériens de quoi sustenter la Horde... 23 membres, une famille unie par une même quête et une solidarité hors normes.
Si La Horde du Contrevent est incontestablement un chef-d’œuvre, Alain Damasio est un Maître. Son roman ne ressemble à rien de déjà connu, il sort des cadres pour trouver sa propre liberté. Cela en fait un livre-univers unique, à haute dimension philosophique et poétique, totalement désarçonnant tellement nos repères sont bouleversés…
Alain Damasio manie la langue française d’une plume de maître. Il joue avec les mots, leur redonne vie et saveur ; il leur offre une seconde chance, les utilise hors de leur contexte habituel pour leur donner un nouveau sens ou apporter une dimension poétique à son récit… à tel point qu’on en vient parfois à oublier leur acception « première » tellement cela a du sens.
Contrairement à bon nombre de livres où l’on sent clairement que l’auteur écrit pour son lecteur, ici on a vraiment l’impression que l’auteur écrit autant pour son lecteur que pour lui-même ; que l’écriture est un prétexte au jeu, et que l’auteur s’amuse de la langue, en se lançant des défis linguistiques et littéraires qu’il relève avec brio, lointainement inspiré par un Raymond Queneau et ses Exercices de Style. Il réussit notamment à mettre en scène une joute verbale ayant pour contrainte le palindrome, et à construire un dialogue qui ait du sens!
Je pourrais vous parler de ce livre pendant des heures, et je ne suis pas la seule. Mais voilà, je ne veux pas trop en révéler pour vous laisser l’émerveillement de la découverte. Et de toute façon, les mots, même choisis avec soin, sont insuffisants pour décrire un tel univers de sensations et d’émotions. Comme le dit Le Clézio, Ce qui me tue dans l’écriture, c’est qu’elle est trop courte. Quand la phrase s’achève, que de choses sont restées au dehors !
Je terminerai donc en vous disant qu’immanquablement, ce livre va laisser une Trace. Il change votre regard sur le monde, vous incite à développer vos sens et à être attentifs à l’infime, à voir l’invisible. Jamais plus vous ne sentirez le vent sur votre visage de la même façon…
La Horde du Contrevent, d'Alain Damasio
La Volte, 2004 (avec la Bande Originale du Livre)
Folio SF, 2007 (pour la version poche)
La Volte, 2004 (avec la Bande Originale du Livre)
Folio SF, 2007 (pour la version poche)
4 commentaires:
Tu l'as donc enfin lu.
Ravi de lire un tel éloge, qui rend à mon avis justice à l'ouvrage.
Enfin, comme c'est impossible, disons plutôt qu'il donne une furieuse envie de courir l'acheter et le lire/l'offrir, ce que je ferais céans si on le trouvait outre-Manche!
Une chronique de plus à ton actif, je valide, et t'en félicite, AF.
C, qui fait des fautes de conjugaison et supprime ses anciens commentaires, non mais!
Merci pour ce gentil commentaire, Clém!
C'est tellement difficile de traduire par des phrases des choses qui sont du domaine de la sensation intense et profonde, que le choix des mots est essentiel...
Mes parents m'ont appris qu'il y a "un mot pour chaque chose". Alors je m'applique :-) et si les lecteurs de la Horde s'y retrouvent, j'en suis bien contente!
Effectivement chaque mot compte dans ce roman, tellement puissant : il me rappelle les premiers romans médiévaux, ceux de Chrétien de Troyes si chargés de multiples significations, tant des mots, tant des symboles et des métaphores ... bref, le Horde invente un nouvel univers, qui me parle à moi l'homme moderne. Merci à celui qui l'a trouvé pour moi ^^
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