Il sait que les alchimistes, en plus de chercher la Pierre Philosophale et l'Elixir de longue vie, ont réussi à créer la vie. Dans son laboratoire secret, il fait plusieurs tentatives peu concluantes, qui ont tout de même donné naissance à de toutes petites créatures appelées "ombres". Ces petites créatures sont grises, ne sont pas très futées, et n'ont ni nez, ni cheveux, ni nombril. Elles ne parlent pas, mais émettent de temps à autre des cris stridents d'oisillon affamé. Des êtres vivants qui ont tout d'animaux de compagnie, mais pas vraiment d'enfants.
Désespéré, Emmanuel entame un long périple jusqu'en Italie pour aller trouver un alchimiste renommé qui, espère-t-il, pourra l'aider à créer un homuncule, miniature d'être humain. Après de longs mois de processus compliqués, ils y parviennent enfin. La créature alchimique, l'enfant d'Emmanuel, s'appellera Gilles.
Gilles est extrêmement différent de ses "sœurs". Leur seul point commun: leur taille. Pas plus de deux pouces et demi (c'est à dire environ sept centimètres de haut). Contrairement à elles, il a tous les attributs d'un humain. Il est aussi doué de parole, est doté d'une intelligence extraordinaire. Il apprend très vite, aux côtés de son père, mais bientôt, l'élève dépasse le maître, et commence à s'ennuyer. Il se lasse aussi de ses sœurs, avec qui il ne peut pas réellement communiquer, à qui il ne peut transmettre son savoir. Avec la mort d'Emmanuel, il perd toute joie de vivre, et s'isole dans sa chambre souterraine, refusant même les visites de ses soeurs.
Le jour où l'une d'elles se fait dévorer sauvagement par feux frelons, Emmanuel sort de sa torpeur, et va courir au secours de celles qui restent, et découvrir en lui de nouveau sentiments. Il réapprend les sentiments, le bonheur des relations humaines, et sort de la solitude et de la dépression qui le rongeaient...
J'ai été très touchée par cette histoire entre rêve et réalité, fantastique mais pourtant si réelle! C'est réjouissant et ça se lit d'une traite! Ces petites créatures sont extrêmement attachantes; elles ressemblent aux créatures que l'on imagine la nuit, lorsque l'on est enfant, que l'on est persuadé d'entendre trottiner sous le lit une fois tout le monde couché, mais sans le côté "terreur nocturne".
L'ensemble donne une histoire très "visuelle", que l'on imagine sans peine adaptée dans les salles obscures par quelque grand studio d'animation.
2 pouces et demi, de Thomas Lavachery
Bayard Jeunesse, 2009
Collection Millézime