La citation du mois

"Il faut accepter de ne pas savoir. Demain n'existe pas. Pense à maintenant!"

Frédéric Bihel

9 oct. 2008

"Mondo et autres histoires" - JMG Le Clezio, 1996


Jean-Marie Gustave Le Clezio vient de se voir distingué par le Prix Nobel de Littérature. Ce prix récompense depuis 1901 - d'après la demande testamentaire d'Alfred Nobel - tout écrivain dont l'oeuvre apporte une contribution significative. J'imagine que certains d'entre vous se demandent donc légitimement pourquoi ils ne l'ont pas encore reçu.... Ca ne devrait tarder, accrochez-vous! Bon faut pas fère de fôtes d'ortografe par contre! Et, cerise sur le gâteau, en plus de la reconnaissance ad vitam aeternam, l'heureux élu se voit remettre la modique somme d'un million d'euros...
Bref, ce n'est pas pour ça que j'écris, ni même d'ailleurs qu'on va se mettre à lire tous les Prix Nobel de Littérature! Certains l'ont même refusé, pour différentes raisons : Sartre, Soljenytsyne, Beckett,... Trop engagé, trop peureux, ou trop anglais...

Non, si j'écris cet article c'est avant tout pour mentionner une oeuvre d'une beauté troublante et magique, née de l'esprit insoumis et nomade de Le Clezio. Depuis Le Procès et son prix Goncourt (oui, c'est un habitué maintenant!) l'auteur a écrit bien des choses. Mais les histoires infantiles de ce recueil m'ont marqué par leur poésie et l'innocence qu'elles honorent. Que ce soit Mondo celui dont on ne sait rien, ni même d'où il vient, ou encore Lullaby, cette jeune fille qui décide de ne plus aller au lycée, on assiste à l'éclosion de l'esprit. L'esprit sauvage qui fait qu'on refuse le monde, le monde tel qu'il nous est forcé de comprendre, d'accepter et d'utiliser. Les personnages s'enfuient. Mais au lieu qu'il s'agisse de s'éloigner, on a l'impression qu'ils se rapprochent. Chacun nous emmène avec lui et, au cours des pérégrinations des différents personnages, c'est bien le vagabondage qui est montré comme la source de quelques vérités existentielles. Partir pour se retrouver, la solitude comme renaissance. Souvent le retour s'impose de lui-même : il n'est pas forcément question de quitter le monde; mais, pourquoi pas, de l'oublier un moment, parfois longtemps.

L'écriture est simple, fluide, elle s'écoule comme l'eau rare dans un désert. Grand arpenteur du monde et de l'Afrique, Le Clezio raconte, à travers ce qu'il est tenu d'appeler des contes, autant de fois qu'il le peut, comment il est resté cet enfant, attiré par la mer, par la beauté de la nature, par le silence, par l'autre, celui qui erre aussi, par l'insoutenable légèreté de l'être comme dirait l'autre, par l'invisible, par le détail inconnu des yeux qui pensent. Cette lecture m'a procuré un sentiment étrange : comme l'impression de me souvenir de mes premiers instants, vous savez? Imaginez que vous vous souveniez des quelques semaines après votre naissance, que vous vous souveniez des premières images, des premières odeurs, des premiers contacts. Et si l'on se souvenait de tout ça, serions-nous capables de supporter notre monde?


Mondo et autres histoires, JMG Le Clezio
Folio Plus, 1996

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